Regards croisés sur l’avenir de la finance

Un partenariat entre le Centre des professions financières et la Chaire Ethique et finance

Organisé par Marie-Agnès Nicolet (Centre des professions financières et Regulation Partners) et Christian Walter (Chaire Ethique et finance, FMSH et ISJPS, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

A l’origine de ce cycle de rencontres matinales, un constat : la finance est l’un des lieux par excellence où les techniques mises au point par la recherche universitaire trouvent souvent rapidement une application dans les pratiques professionnelles. L’emblématique théorie du portefeuille ou celle des options sont des exemples canoniques de cette application. Mais les critiques observées à l’encontre de la finance ne cessent de se faire entendre et les discours recherchant une importation de valeurs « éthiques » dans le but de moraliser la finance sont aujourd’hui légion.

Notre hypothèse de travail est que l’une des raisons des limitations de ces tentatives de fonder une finance « autre » que la finance néoclassique vient de ce que ces démarches éthiques oublient la composante technique de la finance contemporaine. Et, dans le cas des pratiques professionnelles financières, il apparaît que la technique fait norme. Par exemple, les envahissants algorithmes des machines financières ont des effets concrets sur nos prises de décision et sur les formes de finance que nous construisons. Certaines mesures de performance ou de risque poussent les professionnels à agir dans un sens ou dans l’autre. Le rapport aux machines doit donc être analysé pour en détecter les visions morales implicites et ouvrir les algorithmes devient un nouvel enjeu éthique en finance. Quels rêves sociaux sont-ils inscrits dans les machines financières ? En résumé, toute analyse éthique de la finance doit compléter l’éthique des comportements par l’éthique de la technique.

C’est la raison pour laquelle le Centre des professions financières et la chaire Ethique et finance (Fondation Maison des sciences de l’homme et Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne) ont pris l’initiative d’organiser régulièrement des ateliers-petits déjeuners pour examiner ces nouveaux enjeux dans un dialogue entre professionnels et universitaires. Dans chaque séance, un professionnel reconnu débattra de son métier avec un universitaire. Il s’agira de cerner les circulations entre recherche et pratiques professionnelles, pour saisir les manières concrètes dont la technique fait norme. La question du rôle de la régulation financière (Bâle IV, Solvabilité II) sera abordée. Les premières séances seront consacrées aux automates financiers de conseil de placement (« robo-advisors ») et aux protocoles de confiance décentralisés par chaînes de blocs (« blockchains »).


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Publié le 20 janvier 2017