Politiques des images

Un lieu d’étude et de discussion sur les rapports entre images et politique

Loin d’être simplement « sage », comme le voudrait un dicton populaire, l’image se révèle de plus en plus au centre des enjeux politiques-sociaux contemporains. Véhiculées par les nouveaux médias avec la légèreté qui les prétendrait se passer de tout mot, de tout commentaire, les images circulent et migrent d’une culture et d’une société à l’autre en contribuant aux contaminations entre les cultures ainsi qu’à la naissance de nouvelles formes de syncrétismes.

Nous ne saurions pas nous rappeler de l’événement du 11 septembre indépendamment des images d’amateur qui ont saisi l’impact des deux avions, ainsi que probablement les événements du printemps arabe n’auraient pas eu autant de prise sur les pays européens sans les vidéos postées sur Internet.

Toutefois, si la présence et l’importance que les images ont progressivement prises dans nos sociétés post-industrielles est incontestable, il n’en va pas de même pour notre préparation à les recevoir et à les « lire ». Pour revenir aux exemples déjà cités, les images du 11 septembre, loin de favoriser le partage ou la création d’une mémoire collective, ont plutôt fait « écran » à cet événement[1] ; aussi les images des émeutes échangées sur la toile ont été vues par certains comme un instrument favorisant moins l’accès à la démocratie que la surveillance de masse et la répression politique[2].

Les questions posées aux images par les événements cités plus haut sont très nombreuses, à commencer par celle du rapport entre « témoignage » et fiction. Si cette question était présente dès l’apparition des systèmes de reproduction mécanique de l’image, elle prend un nouveau sens après l’introduction des technologies électroniques et digitales, où le référent « objectif » n’est plus prioritaire.

L’image n’est pas bonne ou mauvaise en soi, il existe une grammaire et une rhétorique des images tout autant que des paroles, qu’il faut à chaque fois déceler – pour devenir des sujets politiquement conscients.

Aujourd’hui les théoriciens des images tendent de plus en plus à ne pas considérer une image comme pouvant être isolée dans l’espace ou dans le temps, mais plutôt à la mettre en résonance avec les images qui lui sont contemporaines ainsi qu’avec les images du passé qui la hanteraient encore. Toute image a une mémoire, elle répète de manière consciente ou inconsciente des anciens gestes, des anciennes expressions. Aby Warburg appelait ces survivances des images Pathosformel. Georges Didi-Huberman a su les appliquer aux images contemporaines et en voir les enjeux politiques profonds.

En suivant ces directions, nous souhaiterions créer un lieu d’étude et de discussion sur les rapports entre images et politique qui prenne en compte les développements contemporains des Visual Studies, de l’anthropologie et de la philosophie des images, de la sémiotique visuelle et de toute discipline proposant une approche complexe et méditée de ce rapport.

 


Axes de recherche

Trois axes principaux de recherche se dessine, sachant que des croisements et des échanges sont possible voire nécessaires entre ces trois thématiques :

  • Fonction mémorielle et testimoniale des images
  • Nouveaux médias et nouvelles logiques de production et de réception des images
  • Iconographie politique : stratégies visuelles de domination, de pouvoir et de contre-pouvoir

Initiatives de recherche

Le programme organise des séminaires et des colloques ouverts à tous

  • Séminaire Pouvoirs des Images / Images du pouvoir
En collaboration avec le département d’arts plastiques de l’Université Paris 8 Saint-Denis
  • Séminaire du CIREMM (Centre International pour la recherche et l’enseignement sur les meurtres de masse sous la responsabilité de Pierre Bayard et de Soko Phay)
  • Journée d’étude Penser les soulèvements Sous la direction de Georges Didi-Huberman et Sara Guindani, en collaboration avec le Jeu de Paume

Publications liées au programme

S. Guindani, M. Piazza (dir.), Effetti di verità. Documenti e immagini tra storia e finizione, TrE-Press, Rome, 2016.

Partenariats

Jeu de Paume | Università Roma Tre | Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis | Labont-Università di Torino

 


Contact

Responsable du programme : Sara Guindani

 


[1] Pour une analyse plus approfondie des images du 11 septembre je renvoie au texte de J. Baudrillard Power Inferno. Requiem pour les Twin Towers. Hypothèse sur le terrorisme. La violence du mondial (Paris, Galilée 2002). Un travail intéressant sur les images du 11 septembre a été fait dans le recueil de court métrages intitulé 11'09''01 - September 11, et notamment dans celui proposé par Alejandro González Iñárritu où une mémoire partagée de cet événement ne semble pouvoir surgir qu’à condition d’éloigner les images « cliché ».

[2] Parmi ces voix critiques, voir Evgeny Morozov The Net Delusion: The Dark Side of Internet Freedom (2011) .

Les activités

Colloque

Adventures of Identity: From the Double to the Avatar

Rencontre

Présentation du livre « Freud incognito, Danse avec Moïse »

Rencontre - Jeudi 5 avril 2018
Séminaire

Le silence de la barbarie. Regards croisés sur le génocide maya au Guatemala

Séminaire du programme "Politiques des images" - Lundi 26 mars 2018
Vidéo

Penser les soulèvements

Gestes, circulations & subjectivités
Publié le 12 décembre 2016