Projet clos

Perpignan laboratoire social

Analyse de la victoire du Rassemblement national aux élections municipales de Perpignan en 2020

Le projet Perpignan laboratoire social est lauréat 2021 de la thématique "Populisme et démocratie" de l'appel à projets Recherches émergentes.

Analyse de la victoire du Rassemblement national aux élections municipales de Perpignan en 2020 comme une rencontre sur le marché électoral, entre une offre populiste rénovée et une demande populiste façonnée par les transformations du territoire depuis l’élection municipale de 1959.

Porteur du projet

Emmanuel Negrier

Directeur de recherche en science politique, et directeur du CEPEL (Centre d'Etudes Politiques Et sociaLes), Université de Montpellier. Il est coordinateur de PLS. Il dirige la collection « Politiques culturelles » des Presses Universitaires de Grenoble avec Philippe Teillet

Membres de l’équipe

Nicolas Lebourg

Chercheur associé au CEPEL à l’Université de Montpellier. Il est spécialiste de l'extrême droite. Membre du comité de pilotage du programme VIORAMIL (Violences et radicalisations militantes en France) de l’Agence nationale de la recherche et chercheur du programme History of fascism in Europe and Eurasia, Institute for European, Russian and Eurasian Studies, Université George-Washington.

David Giband

Professeur des Universités en aménagement et urbanisme à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD) et chercheur à l’UMR ART-DEV 5281 CNRS - Acteurs, Ressources, Territoires dans le Développement. Spécialiste des questions urbaines

Nicolas Marty

Professeur des Universités d’histoire Contemporaine de l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD) et chercheur au Centre de Recherches sur les Sociétés et Environnements en Méditerranées (CRESEM)

Kevin Mary

Maître de Conférences en géographie à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD)
Membre de l’UMR ART-DEV 5281 CNRS - Acteurs, Ressources, Territoires dans le Développement. Spécialiste des migrations

Dominique Sistach

Maître de conférence en droit public à l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD)
Chercheur au Centre du Droit Economique et du Développement (CDED)

Aurélie Delage

Maître de conférences en aménagement et urbanisme de l’Université de Perpigan Via Domitia (UPVD)
Chercheuse à l’UMR ART-DEV 5281 CNRS - Acteurs, Ressources, Territoires dans le Développement


Populisme et démocratie

Au-delà de ses avatars historiques et géographiques, la notion de populisme est généralement définie à partir du triptyque anti-élitisme, croyance en un peuple homogène et préférence pour une souveraineté populaire qui s’exerce sans médiation (Akkerman, Mudde et Zaslove 2014 ; Schulz et al. 2017).

Les partis répondant à ces critères se sont aujourd’hui installés aussi bien dans les jeunes démocraties que dans les démocraties consolidées. En 2019, ils participaient aux gouvernements de onze pays d’Europe, avec un électeur sur quatre ayant voté pour un parti populiste lors de la dernière grande élection nationale (Timbro Authoritarian Populism Index, 2019). Les partis populistes prospèrent à mesure que l’écart se creuse entre les aspirations démocratiques et le fonctionnement souvent déceptif des démocraties libérales (Rooduijn, van der Brug et de Lange 2016 ; Rosanvallon 2000). En mettant en avant une exigence radicale de souveraineté populaire, les partis populistes s’adressent d’abord à un électorat insatisfait de la démocratie représentative, voire qui remet en cause le principe même de la représentation comme moyen efficace pour traduire la volonté du peuple en décisions politiques.

Le populisme peut ainsi être vu à la fois comme une menace et une opportunité pour la démocratie. Le populisme exclusif - souvent associé à la droite radicale puisqu’il limite le peuple aux natif.ves et se conjugue volontiers avec des éléments xénophobes - peut fragiliser la démocratie et conduire à des régimes démocratiques illibéraux du fait de sa composante anti-pluraliste, en privilégiant une conception organique du peuple qui conduit à rejeter l’Etat de droit, les droits des minorités ou la séparation des pouvoirs (Urbinati 1998).   

À l’inverse, un populisme plus inclusif - volontiers associé à la gauche radicale puisqu’il combine des marqueurs populistes avec des marqueurs idéologiques de gauche comme la meilleure répartition des richesses - peut approfondir la démocratie en poussant les élites politiques à mieux tenir compte des revendications populaires. Il peut aussi armer les partis sociaux-démocrates et les organisations associatives avec des narratifs consensuels, susceptibles d’augmenter la participation électorale des milieux populaires, voire d’unifier leurs doléances (Mudde et Kaltwasser 2013) en construisant le peuple comme un sujet politique (Laclau 2002).

 

Publié le 19 novembre 2021