Attribution du Fonds Louis Dumont 2018

« Mariage civil au Liban et enjeux transnationaux. La fabrication du droit entre rituels, mobilisations confessionnelles et logiques familiales ».
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Le Fonds Louis Dumont d'aide à la recherche en anthropologie sociale pour l'année 2018 a été attribué par le Jury et la Fondation Maison des sciences de l'homme à Michela De Giacometti, doctorante à l’EHESS, pour son projet de recherche de terrain : « Mariage civil au Liban et enjeux transnationaux. La fabrication du droit entre rituels, mobilisations confessionnelles et logiques familiales ».

 

Le projet participe à une réflexion sur le multi-communautarisme au Liban saisi à travers l’étude des pratiques matrimoniales des Libanais. Plus particulièrement, il s’intéresse aux dimensions de l’intime, de la famille et du politique qui sont impliquées dans le débat sur le mariage civil, absent au Liban mais légalisé lorsqu’il est célébré dans un autre pays. Ce débat est envisagé dans la thèse comme un terrain de fabrication de droits individuels et se structure autour de deux volets principaux : d’une part, il met en exergue les conflits de logiques familiales, confessionnelles et politiques générés par les multiples tentatives de la part des activistes pour les droits civils d’introduire le mariage civil au Liban ; d’autre part, il s’alimente de la pratique consolidée parmi les Libanais de célébrer une union civile en dehors du pays, ce phénomène entretenant aujourd’hui une mobilité de futurs mariés principalement vers la République de Chypre. De la même façon qu’elle donne lieu à un commerce nuptial entre les deux pays, la question du mariage civil alimente des représentations de l’amour, de la famille et de l’État se transformant aujourd’hui en ressource politique à même de contrecarrer une complexe situation normative d’endogamie communautaire. La thèse s’attache donc à restituer les expériences des couples mariés civilement et analyse les modes de subjectivation que ces expériences produisent. S’appuyant sur un cadre théorique emprunté essentiellement à l’anthropologie de la famille et de l’intime, à la sociologie de l’action collective, ainsi qu’aux études sur les rituels contemporains, le travail cherche à comprendre comment les enjeux de l’alliance matrimoniale informent les processus de reproduction sociale et, en creux, interrogent la nature de l’État libanais.

Publié le 24 mai 2018