Littérature et savoirs du vivant

XIXe-XXe siècles

Ce programme de l’équipe « Littératures, Savoirs et Arts » (LISAA – EA 4120) de l’université Paris-Est hébergé par la Fondation Maison des Sciences de l’Homme de Paris s’insère dans le cadre général du programme « Savoirs littéraires, savoirs scientifiques » (réseau national des MSH piloté par la MISHA de Strasbourg sous la direction de Christine Maillard).

Le programme « Savoirs du vivant » s’organise autour de deux axes : la formation des modèles de pensée et des représentations du vivant, les transferts épistémiques entre les disciplines (sciences du vivant, textes littéraires et historiographiques). La circulation interdisciplinaire de modèles de pensée au XIXe siècle crée un espace de production à l’intersection des disciplines : les représentations culturelles du vivant s’y développent grâce aux analogies, aux déplacements, aux transformations. Les savoirs dérivés des sciences du vivant ou élaborés dans leurs marges ont marqué la pensée historique, politique et sociale.

Dans une perspective génétique et épistémocritique, il s’agit d’étudier dans certains manuscrits scientifiques du XIXe siècle (conservés dans les collections publiques) la formation des représentations du vivant, le rôle de la rhétorique voire de la fiction dans l’écriture scientifique puis les procédés littéraires et les réagencements thétiques qui permettent le transfert des modèles de pensée et des représentations scientifiques vers d’autres contextes.  Nous repèrerons des échangeurs épistémologiques, c’est-à-dire les points de rencontre entre des rationalités différentes, les points de conversion du savoir en fiction, ou à l’inverse d’une représentation culturelle en savoir scientifique. Comment s’effectue le passage d’un ordre à un autre (d’une idée scientifique à un principe de composition narrative par exemple) ? Quels sont les implications idéologiques des transferts et les conséquences esthétiques ? 

Nous nous interrogerons sur la spécificité des transferts épistémiques de modèles empruntés aux sciences du vivant (par rapport à d’autres types de savoirs). Comment expliquer leur puissance de modélisation, de globalisation dans les textes des historiens du XIXe siècle, et leur place dans les textes littéraires ? La littérature a-t-elle une dimension cognitive qui nous permette de mieux comprendre la fascination exercée par les sciences du vivant au XIXe siècle et les enjeux des transferts épistémiques ? Quelle action les savoirs du vivant conservent-ils au XXe siècle ?

Innovante par sa méthode double, par la pratique nouvelle d’une génétique des textes scientifiques, par le traitement inhabituel des textes scientifiques du point de vue de l’écriture, cette recherche n’a pas les mêmes objectifs que l’histoire des sciences et des idées, même si les résultats de celle-ci seront utiles, et si dans l’autre sens l’étude génétique et épistémocritique des textes pourra éventuellement lui apporter une contribution.

Trois hypothèses majeures orienteront l’investigation :

  • la culture, l’imaginaire, la fiction, la rhétorique participent à l’invention scientifique et contribuent à l’émergence de nouveaux objets, à la formation d’hypothèses, à la figuration de nouvelles conceptions, et le travail de l’écriture est donc important dans les textes scientifiques ;
  • la narrativité propre aux sciences du vivant (et plus importante que dans d’autres sciences) explique la spécificité de la poétique des savoirs qui en dérivent et leur adaptabilité dans des disciplines différentes ;  
  • les œuvres littéraires ont une dimension cognitive propre et elles contribuent à la diffusion et à l’adaptation culturelle des modèles de pensée empruntés aux sciences du vivant, leur analyse sera donc utile pour mieux comprendre la configuration épistémologique, les interrogations, les tensions et débats d’une époque.

Dans le cadre de ce programme, un réseau interMSH, VIVANLIT - Penser le vivant, fonctionne depuis janvier 2013.

 

Equipe

Coordination

Gisèle Séginger (LISAA – Université Paris-Est/Marne-la-Vallée)

L'équipe

Claire Barel-Moisan (CNRS-Lyon)
Christine Baron (université de Poitiers)
Niklas Bender (Université de Tübingen)
Claude Blanckaert (CNRS – Centre Alexandre Koyré), conseiller scientifique
Laurence Dahan-Gaida (Université de Besançon)
Betül Dilmac (université de Fribourg)
Pascal Duris (université de Bordeaux I), conseiller scientifique
Marc Föcking (université de Hambourg)
Henning Hufnagel (Université de Fribourg)
Thomas Klinkert (Université de Fribourg)
Olav Krämer (Université de Fribourg)
Muriel Louâpre (Université Paris-Descartes)
Hugues Marchal (Université de Bâle)
Bertrand Marquer (Université de Strasbourg)
Michel Pierssens (Université de Montréal), conseiller scientifique
Ivanne Rialland (LISAA – Université Paris-Est/Marne-la-Vallée)
Monika Schmitz-Emans (Université de Bochum)
Michael Soubbotnik (LISAA – Université Paris-Est/Marne-la-Vallée)
Norioki Sugaya (Université de Rikkyo – Tokyo)
Laurence Talairach-Vielmas (université de Toulouse-Le Mirail)
Nicolas Wanlin (Université d’Arras)
Florence Vatan (Université de Madison).

 

Publié le 4 octobre 2013