Anthropologie et santé mondiale
CHIASM - Chaire d'anthropologie de la santé mondiale
Publié le 30 septembre 2016
Cette chaire interroge les rapports entre la biologie humaine et la mondialisation. Nécessairement interdisciplinaire, elle combinera ethnographie, histoire et socio-épidémiologie pour examiner l’interrelation entre les mutations épidémiologiques au Nord et au Sud, les dispositifs de gouvernement des corps, et l’économie politique de la globalisation.
La santé a été un enjeu majeur de pouvoir à l’échelle planétaire, au cœur de l’histoire impériale et de la construction d’un ordre mondial international. Depuis la chute du mur de Berlin, un nouveau régime de gouvernement global de la santé, centré sur la notion de « biosécurité », relègue au second plan des visions plus classiques de la santé publique, construites autour de l’Etat-providence et de la lutte contre les « maladies sociales ». L’ère de la Santé mondiale (« Global Health »), concept d’abord élaboré par les stratèges militaires américains sous l’administration Clinton, se caractérise un changement d’échelle sur le plan des financements et de la visibilité politique et médiatique. Les interventions sanitaires dans les pays du Sud joue un rôle croissant dans la géopolitique en tant que pouvoir « soft » - on peut parler d’un bio-pouvoir humanitaire déployé par les ONGs. La prolifération d’acteurs non-gouvernementaux, tels les fondations philanthropiques (Gates ou Clinton), les partenariats publique-privé (le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria), ou même les groupes industriels (Merck, Novartis, etc) font de la « santé mondiale » une configuration biopolitique inédite, ou le pouvoir de « faire vivre » semble peser de plus en plus fort.
La « santé mondiale » se joue sur un terrain épidémiologique où l’on a beaucoup privilégié la contribution des maladies infectieuses, renforçant le modèle d’une « transition épidémiologique » entre les pays du Sud et du Nord, où dominent les maladies chroniques « de civilisation » (les maladies cardiovasculaires, le diabète, et le cancer). Or ce clivage n’existe pas dans les faits. Les maladies chroniques ne cessent de progresser dans les pays du Sud alors que les maladies infectieuses n’y régressent pas. Ces synergies épidémiologiques se retrouvent au Nord, d’abord avec l’arrivée d’épidémies comme le VIH, le SRAS, et les bactéries multirésistantes, et puis avec la découverte du rôle des processus infectieux et inflammatoires dans le déclenchement et la progression des maladies chroniques. Il serait donc plus apte de parler d’une mosaïque épidémiologique, dont la complexité dépasse un clivage Nord/Sud, et fonde ainsi le principe d’une approche mondiale des questions de santé.
Les enjeux de la santé mondiale sont donc autant politiques que médico-épidémiologiques. L’apport d’une anthropologie de la santé mondiale est triple. Elle permet :
Sur le plan empirique, les recherches menées dans le cadre de cette chaire se concentrent sur les nouvelles technologies biomédicales dans la prévention du VIH, et propose, en collaboration avec les équipes de médecins, scientifiques et les patients impliqués dans les essais, de porter un regard anthropologique sur ces technologies. En pratique, la chaire prévoit :
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