Inégalités, santé et humanitaire

Le développement de la mondialisation s'accompagne partout d'une forte augmentation des inégalités sociales. En particulier, l'accès aux services de santé est aujourd'hui remis en cause par des mécanismes de financement qui font de plus en plus appel à la contribution personnelle des ménages. La santé devient un bien marchand qui fait l'objet d'un commerce international en pleine croissance. Ceux qui n'y ont pas accès n'ont bien souvent pour survivre que le recours à l'assistance humanitaire. Une assistance humanitaire controversée qui de toute façon ne peut à elle seule constituer une réponse adéquate à la misère et à l'absence de soins de santé qui touchent plus d'un tiers de l'humanité. L'objectif de la Chaire est de contribuer à une réflexion critique et interdisciplinaire sur (i) la marchandisation des biens de santé et en particulier le développement d'un marché du vivant et (ii) la croissance de l'exclusion sociale et l'inadaptation des réponses de type humanitaire. Les activités de la Chaire sont les suivantes :

1. Création et animation de deux groupes de recherche avec pour ambition que chaque groupe devienne un centre de référence international sur les thèmes suivants :

La marchandisation du vivant. Du trafic des organes à la gestation pour autrui en passant par le commerce des ovocytes et le "brain drain" des professions de santé, on observe un développement très rapide d'un marché globalisé du vivant. Ce marché très lucratif repose sur un mécanisme simple : une demande croissante dans les pays riches et émergents d'une population à la recherche constante d'une amélioration de leur santé au coût le plus bas et une offre inépuisable représentée par ceux qui sont prêts à tout pour sortir de la pauvreté, y compris à louer ou à vendre des parties de leur corps. Un marché favorisé par l'incapacité de la communauté internationale à concevoir un cadre juridique approprié et à le faire respecter. Ce domaine est encore peu exploré par la recherche.

La crise de l'humanitaire. D'un côté l'échec des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés par l'assemblée générale des Nations Unies traduisant l'échec des politiques de développement dont les financements régressent. De l'autre, une augmentation régulière des ressources pour les interventions de type humanitaire. L'action humanitaire tend à remplacer peu à peu les politiques de développement alors même qu'en dehors de l'urgence son efficacité est limitée, voire parfois même discutable. Un domaine sensible dans lequel il est urgent que la recherche travaille.

2. Des séminaires thématiques.

Pendant trois ans, chaque groupe de recherche animera un séminaire thématique organisé sous forme d'ateliers qui réuniront à la fois des chercheurs, des doctorants en sciences sociales et en études de développement, le monde associatif et le grand public. Pour bénéficier de contributions internationales, ces ateliers seront organisés par les partenaires de la chaire dans des lieux/pays à chaque fois différents. Chaque séminaire fera l'objet d'une publication.

3. Une revue Etudes Humanitaires/Humanitarian studies.

Elle sera indépendante de la Chaire mais liée au groupe de recherche thématique.

Publié le 3 octobre 2013