Proche-Orient et conscience historique. Entretien

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De l’avis de Georges Corm, il était trop tôt pour pouvoir analyser et comprendre toutes les dimensions des révoltes arabes lors de notre rencontre, inscrite dans le sillage de sa conférence intitulée «L’influence négative de la dichotomie Orient/Occident sur l’évolution des sciences humaines». Cinq axes ont été retenus en direction d’une compréhension de ces mouvements imprévus, plus qu’imprévisibles, dans lesquels les femmes ont tenu pour la première fois une place très importante dans l’espace public. Le parcours de Georges Corm et son contexte (I), ainsi que des temps-forts remarqués dans deux de ses ouvrages (II), ont été privilégiés dans la première partie qui s’est déroulée sous la forme de l’interview classique afin de permettre au lecteur d’entrer dans la démarche scientifique de Georges Corm et l’originalité de son apport, repérable notamment dans deux de ses ouvrages récents (2009 et 2010). De la position de l’histoire et de l’anthropologie face aux Etats-nation actuels en Europe et en Orient (III) découle la notion de «vide historique», sur lequel les grands systèmes médiatiques et nombre d’analyses académiques élaborent les problèmes qu’ils traitent, selon Georges Corm, si bien qu’il n’y a aucune profondeur dans la tentative d’évaluation de la complexité d’une situation ; ce passage bref constitue une sorte de pont entre la première et la seconde partie de notre rencontre - laquelle a revêtu peu à peu la tournure d’un entretien/échange sur deux thématiques successives : Fracture imaginaire entre Orient et Occident, laïcité, Méditerranée (IV), puis Autour du sujet historique (V).

L'auteur

Georges Corm, né à Alexandrie en 1940, libanais, a fait ses études universitaires à Paris. Docteur en droit de la Faculté de droit et des sciences économiques (1969), diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques - section économique et financière (1961), il a enseigné l’histoire économique, la pensée politique arabe contemporaine et la sociologie du développement dans les universités du Liban, en menant une carrière dans le secteur financier public de ce pays et du monde arabe (1969 – 1985). Après son installation à Paris, il a été consultant économique et financier pour diverses institutions multilatérales (dont la Banque mondiale et l’Union Européenne), ainsi que pour des agences spécialisées des Nations unies. Nommé en 1998 ministre des finances du gouvernement de M. Sélim El-Hoss, il est rentré aussitôt à Beyrouth. Fin 2000, il a quitté ses fonctions ministérielles et repris ses activités de consultant et d’enseignant (université Saint-Joseph). Son œuvre porte sur le Moyen-Orient, la Méditerranée, l’Europe dont il donne à voir la construction de son histoire du point de vue économique, politique et intellectuel, à partir de l’étude de ses rapports avec l’Orient depuis des siècles et de son rôle dans l’émergence du mythe de l’Occident - menée dans une perspective critique.

Le texte

Entretien réalisé par Christiane Veauvy à la suite de la conférence donnée par Georges Corm à l’invitation de l’IISMM (Institut d’Etudes de l’Islam et des Sociétés du Monde musulman/EHESS) et du Séminaire « Genre, politique, sexualité(s). Orient/Occident » (FMSH/Programmes scientifiques), pour une séance « A deux voix du Moyen-Orient » (19/01/2012) dans laquelle la seconde conférence a été donnée par Azadeh Kian, professeure de sociologie à l’Université Paris 7-Diderot.

Publié le 13 février 2015