Les espaces de la théorie : topologies et expériences de la pensée

Sixième séance du Séminaire International de Sémiotique à Paris 2022-2023

L'objet du séminaire de cette année est de comprendre le circuit entre l’expérience de la pensée, l’acte d’imagination et les espaces d’inscriptions de ces expériences, en considérant que les inscriptions peuvent être elles-mêmes non seulement des fixations d’un processus de pensée, mais aussi des expériences qui élargissent l’imagination et relancent l’expérience. Nous allons tenter de produire une cartographie interdisciplinaire des schématisations de la théorie qui ont été stabilisées dans l’histoire des disciplines citées ainsi que d’investiguer les documents laissés par les différents théoriciens lors de la formulation, reformulation, publication, rectification de ces schématisations.

Intervenants :

• Yves Marie Visetti (CNRS-EHESS)
  Motifs et diagramme -- expressivité et figuralité : quelques réflexions

Revenant aux notions-clés mentionnées dans le titre, l’exposé discutera certaines conditions de leur reprise en sémiotique. Une notion afférente de valeur sera prise comme point de départ. Et les exemples cités seront principalement tirés de travaux linguistiques.

• Anne Beyaert-Geslin (Université Bordeaux Montaigne)
  Généralisation versus abstraction. À partir de Sloterdijk

La grande réflexion de Sloterdijk déployée dans les trois volumes intitulés Bulles. Sphères I (2003 [1998]), Globes. Sphères II (2010 [1999]) et Écumes. Sphères III (2005 [2003]) en français, débute sur le postulat d’un espace sphérique bipolaire dans lequel deux instances coexistent et s’engendrent mutuellement. Cette prémisse qui récuse l’origine individuelle du portrait permet de reparcourir toute l’histoire de l’art pour illustrer les différentes étapes d’un parcours anthropologique où les formes artistiques « disent » des espaces politiques. L’enquête de Sloterdijk s’offre ainsi comme un éloge d’une politique de l’amitié, de la convivialité et du petit groupe. Pour la discussion développée au séminaire, elle présente la particularité de nouer un lien très étroit entre l’espace de modélisation et les formes du monde, ce qui offre un modèle prescriptif à l’iconisation des théories qui procèdent déjà de ces formes. La communication retient cette prémisse de l’espace sphérique bipolaire et observe le portrait sous l’angle d’une modélisation contrainte car attachée au visage de l’autre. Elle caractérise une procédure de généralisation qu’elle oppose à l’abstraction en suivant un parcours illustré par les portraits d’Alberto Giacometti, Jean Dubuffet et Gaston Chaissac, notamment, et associe à cette généralisation une morale particulière.

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