Les discours actuels du malaise social à l'épreuve de l'anthropologie psychanalytique

Séminaire de Paul Assoun
Mardi
27
novembre
2018
18:00
20:00
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Paul Assoun est Professeur émérite à l’Université Paris-7 et psychanalyste.

Le malaise dans la culture, ce symptôme collectif chronique, s’exprime au plan des symptômes du sujet. Or, on assiste à la production de discours, contenant des notions et des thématiques, qui ont pour fonction idéologique d’accuser réception de ce malaise, à condition de ne pas le reconnaître. Mieux : pour en reconduire le déni, en l’évoquant, littéralement, « à mots couverts. »...
Telle est la problématique, issue de la psychanalyse du sujet du collectif, qui servira à examiner systématiquement ces notions générées par ces discours à prétention explicative. La notion de stress a ainsi servi à recouvrir l’angoisse, y compris en sa dimension sociale, avant de se spécifier en « stress post-traumatique », dans le cadre de la vulgate traumatologique. Ainsi, le malaise du sujet au travail, pris dans l’étau d’un surmoi mortifiant, produit à certains moments une « surchauffe » que l’on appelle burnout. La question du trauma, confrontation du sujet au réel, se trouve traité et élidé par une idéologie lénifiante dont le mot-clé est « résilience », du malheur utile. A un autre niveau, la notion de genre, qui a le vent en poupe, a pour effet, sinon pour finalité, de revenir sur une logique de la sexuation, vulgarisant la notion de « bisexualité », acquis psychanalytique et élidant l’angoisse de castration sans laquelle l’identification et la différence sexuelle sont indéchiffrables. Le plus révélateur est que les acteurs sociaux ordinaires incorporent en quelque sorte ces notions, intégrées dans leur vécu, se présentant comme « stressés », comme « atteints » de burnout, faisant état de leur « capacité de résilience », voire jouant avec « l’identité de genre ».

Quoiqu’à des niveaux bien distincts, ces notions seront prises en compte pour voir dans quelles conditions elles ont été produites. Non dépourvues de valeur descriptive, elles sont dotées d’une sorte de capacité explicative fictive – tels, dans le discours scolastique, l’opium faisant dormir parce que doté d’une « vertu dormitive »… On procèdera à un double examen déconstructif de ces notions (« pseudo-concepts ») : clinique, pour regarder de près ce qu’elles recouvrent dans les situations décrites -- et théorique, afin d’en cerner l’histoire et le mode de production de ces processus, à relire au moyen de la métapsychologie, théorie analytique permettant de spécifier les enjeux de ces phénomènes. On dégagera, par une analyse du discours, la fonction d’euphémisation de ces discours par rapport au réel (inconscient). Il va de soi que d’autres réseaux notionnels seront susceptibles d’être mis à jour au cours de cette investigation partagée.

L’enjeu de ce séminaire ouvert, d’échange transdisciplinaire, de méthode et de contenu, est donc de se confronter à l’actualité de ces discours touchant aux pratiques et aux savoirs au moyen de l’anthropologie psychanalytique (Freud) et de la logique du collectif (Lacan), pour en montrer et en discuter la fécondité heuristique, en dialogue avec les représentants des diverses disciplines invités à y participer. Ce sera l’occasion de rappeler la signification de la psychanalyse comme anthropologie, opérateur critique de déchiffrement du réel collectif, saisi par le sujet et de la mettre à l’épreuve des discours et des pratiques du présent.

 

Calendrier des séances, les mardis de 18h à 20h, à la Maison Suger

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  • Mardi 13 novembre 2018
  • Mardi 27 novembre 2018
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  • Mardi 8 janvier 2019
  • Mardi 22 janvier 2019
  • Mardi 12 février 2019 
  • Mardi 26 février 2019
  • Mardi 12 mars 2019
  • Mardi 26 mars 2019
  • Mardi 9 avril 2019
  • Mardi 23 avril 2019
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  • Mardi 28 mai 2019
  • Mardi 11 juin 2019
  • Mardi 25 juin 2019

Publié le 27 novembre 2018