Rencontre autour des publications de François Jullien

Rencontre - Mardi 10 avril
Mardi
10
avril
2018
19:00
19:00
""

Présentation des publications récentes de François Jullien, Si près tout autre, De l'écart et de la rencontre, Grasset et Ressources du christianisme, Mais sans y entrer par la foi, Editions de l'Herne ; et du Cahier de l'Herne consacré à son travail

Rencontre modérée par François L'Yvonnet, philosophe et Directeur du Cahier de l'Herne François Jullien.

Intervenants

Marc Crépon, philosophe, Directeur du département de philosophie de l'Ecole normale supérieure

Etienne Klein, physicien au CEA, philosophe des sciences

Augustin de Romanet, PDG des Aéroports de Paris

À propos des ouvrages

Ressources du christianisme, Mais sans y entrer par la foi, Editions de l'Herne

L’Europe est en malaise de ne plus savoir que faire, aujourd’hui, du christianisme. Or, si nous évitons la question du christianisme, c’est, je crois, que le clivage entre « celui qui croyait au ciel » et « celui qui n’y croyait pas » n’est plus pertinent. Aussi aborderai-je le christianisme à titre de ressources. Celles-ci sont, disponibles, à qui les explore et les exploite.  À titre de ressources : l’écart des langues et des Evangiles ouvrant un entre réflexif ; qu’un événement soit possible et qu’il soit la vie même ; qu’il faille désadhérer du vital pour accéder à l’originairement vivant ; que Dieu Père dé-coïncide en son Fils pour s’activer en Dieu ; ou qu’il faille se tenir hors du monde pour rencontrer l’Autre…

Une reconfiguration radicale de la vérité. Sans y entrer par la foi, on suivra, dans Jean, des filons féconds d’une pensée de l’existence. Pourquoi s’en priver ?

Si près tout autre, De l'écart et de la rencontre, Grasset

Notre vie, ne la passons-nous pas en quête inassouvie de l’Autre  ? De l’autre, enfin, qui soit autre.
Or ce tout autre n’est pas à attendre de quelque Là-bas espéré, d’un lointain fantasmé  : la pensée ne fera toujours que tourner en rond dans cet imaginaire projeté.
Mais il se découvre si près, à portée, dans ce que l’on a trop placidement, paresseusement, assimilé. L’inouï ne tombe pas de quelque ciel féerique, mais s’extrait de ce qu’on foule si négligemment d’instants banals.
L’opposé lui-même n’est plus autre, car il ne confronte plus à de l’inconnu  : il est désormais posé devant, «  en face  », diamétralement aligné, et même dramatiquement érigé  ; mais déjà assigné, inerte et rangé – l’opposé déjà s’entend avec son autre.
De là qu’il faudra, je crois, procéder de façon inverse. Chercher de l’autre, non pas dans ce qui s’annonce à l’antipode, dans le rôle du contraire, qui déjà est complémentaire. Mais plutôt en ouvrant un écart au sein de ce qu’on croirait semblable, le plus à proximité, apparemment le plus apparenté  : pour y sonder ce qui s’y fissurerait secrètement d’un autre possible.
Ainsi, déjà, entre le «  plaisir  » et la «  jouissance  » – eux qu’on croyait accolés.
Car c’est en émergeant d’un tel écart qu’un Autre – Toi – peut être rencontré.
Penser l’autre  : n’est-ce pas là ce qui peut relancer la philosophie et, d’abord, nous fait accéder à l’existence  ?

Publié le 10 avril 2018